S’il est fréquemment adulé par les économistes et les banquiers, M. Trichet aura en tout cas le triste privilège de laisser derrière lui un piteux track-record dans la mémoire des investisseurs. Incapable ou simplement réticent à énoncer une opinion rassurante sur la solidité de l’Espagne et de l’Italie, il se sera limité à annoncer le rachat de leurs obligations, en espérant que le fonds de solidarité européenne prenne bientôt le relais pour éviter à la BCE de le faire.
Il en eût fallu beaucoup plus, et surtout un discours beaucoup plus ferme, pour enrayer une glissade déjà catastrophique des marchés en Europe, qui finissent par manifester une extrême méfiance, perceptible dans la faiblesse de l’euro, à l’égard de la cohésion financière européenne.
À cela se sera ajouté un facteur technique majeur avec la rupture sans appel des 1250 par le S&P 500, attiré à son tour par l’effroyable performance des marchés européens.
Le résultat, c’est une neuvième séance consécutive à la baisse, soit 15 % en 9 jours, sur un imposant chandelier noir de la pire espèce, qui voit le CAC 40 casser le support de long terme à 3400, puis pratiquement revenir sur le plus bas de la zone de soutien entre 3280 et 3330 qui avait marqué le creux peu après un autre jeudi noir, le 20 mai 2010, marqué également de l’absence de position rassurante de la part de M. Trichet. Le marché avait finalement pu s’en sortir par une forte hausse après une réunion d’urgence entre les états, laquelle devait donner naissance au fameux fonds de solidarité européen, dont personne n’est encore bien convaincu de la réalité de son fonctionnement.
Le Dow Jones livre pour sa part sa plus mauvaise séance depuis 2008 et recule de -4,31 % à 11 383, tandis que le Nasdaq s’effondre de -5,08 % à 2556, et le S&P 500 de – 4,78 % sur la cassure des 1250 à 1200 points dans une séance de capitulation.
Il y a un point positif éventuel dans cette sinistre journée ; c’est le volume considérable en plein mois d’août, associé au fait d’être revenu sur un support majeur à 3280 au niveau des futures après la clôture. A priori, et dans la mesure où la baisse est largement entamée, cela pourrait stigmatiser l’imminence d’un plus bas précédant un rebond vigoureux par compensation avec une chute pratiquement verticale, mais il faudra au moins que le seuil des 3280 ne soit pas enfoncé, faute de quoi il devient difficile de ne pas s’intéresser à un seuil majeur situé à 2960 points.
En revanche, il faudra que le S&P500 repasse le cap des 1350 pour envisager un authentique retournement, faute de quoi la configuration graphique de marché, en excès flagrant par rapport aux fondamentaux immédiats, deviendrait de plus en plus perturbante.
Les chiffres du chômage à paraître vendredi à 14h30 aux États-Unis ne devraient pas être très positifs, mais s’ils ressortent voisins des 84 000 créations d’emplois comme attendus, le marché pourrait en profiter pour rebondir, tant les niveaux actuels sont en train d’intégrer des chiffres de catastrophe dignes d’une rechute en vraie récession.