La barre des 3 millions de chômeurs est atteinte en France, l’Espagne suscite des doutes sérieux avec une remontée des taux dans l’attente d’une demande d’aide aux institutions européennes sur fond de manifestations brutales contre l’austérité, la Grèce n’aurait rien fait en matière de privatisation selon les termes du FMI, et l’Allemagne rechigne à faire réguler rapidement ses banques à travers l’union bancaire européenne.
En revanche, les ventes de logements aux États-Unis, même si elles sont un peu inférieures aux attentes à 373.000 au lieu des 380.000 attendues sont à leur meilleur niveau depuis avril 2010, en hausse de 28 % sur un an. Les stocks ne représentent plus que 4,5 mois de ventes, et surtout le prix moyen a bondi de 11 % par rapport au mois dernier, ce qui reflète un appétit accru pour les biens de plus grande valeur.
Nous avons là la confirmation de la récupération du marché immobilier américain, salutaire à la santé financière de l’économie américaine puisque l’effet richesse entre les actions et l’immobilier entretient un minimum de croissance, qui à son tour atténue l’endettement global par rapport au PIB, et permet d’envisager des recettes fiscales raisonnables, à l’inverse de ce qui risque de se produire en Europe.
Au lendemain du décrochage du marché américain, la sanction est sans appel en Europe, le CAC 40 ouvrant avec précision et directement en deçà des 3470, en sortie de son canal de tendance à court terme, pour inscrire un chandelier défavorable, sur un volume en hausse modérée, trop faible pour évoquer une panique. L’indice revient donc d’une traite tester le support clé des 3410 points.
On peut voir dans le mouvement du jour une réaction un peu épidermique de nature à espérer un rebond pour cause de survente immédiate, mais la sortie du canal représente un élément graphique important, que nous n’avions pas connu depuis le 20 juillet. Aussi, tout rebond a de fortes chances désormais de se limiter à la résistance des 3470 points.
La résurgence des inquiétudes en Europe pèse naturellement sur le marché américain, mais les fondements moins inquiétants n’y justifient pas une baisse aussi importante. Le Dow Jones termine la séance en repli modéré de 0,32 % à 13 414, le Nasdaq souligne les inquiétudes sur la croissance mondiale en reculant de -0,76 % à 3094, et le S&P 500 casse un support important à 1440 en cédant 0,60 % à 1433 points. Un support majeur se situe à 1420, et l’indice phare conserve une petite marge de 1% au-dessus de ce seuil qu’il serait techniquement perturbant d’enfoncer.
L’Europe, la récession, et ses contradictions politiques reviennent sur le devant de la scène, et à la lumière de ce regain d’inquiétude, le meilleur témoin est la reprise du dollar qui voit l’euro passer en deçà de 1,2950 après avoir buté récemment sur un pic voisin des 1,32 usd. La voie s’ouvre de ce fait vers 1,2750, et peut-être même 1,2620, mais il faudrait en ce cas prévoir un repli plus conséquent, probablement vers la zone majeure des 3290 points.
Un tel scénario paraît aujourd’hui un peu excessif par rapport au discours optimiste des gérants de la Place, mais comme d’habitude, il faudra que l’Europe présente un front uni avec des esquisses convaincantes de solutions à la disparité des coûts de financement souverain pour rétablir une confiance à nouveau en train de se détériorer.
A priori il paraît judicieux de profiter à court terme de cours revenus à des niveaux plus raisonnables vers la zone des 3410, mais il convient surtout de prendre au sérieux la sortie du canal à 3470 pour en faire un repère intéressant à saisir dans l’idée d’alléger les positions, au moins sur le court terme.