Quid de l’immobilier ?



Un lecteur pose une question pertinente sur l’immobilier en France, sujet qui suscite de légitimes interrogations

Voici la question :
Pour l’instant il est loin d’être acquis que l’Allemagne laisse les autres pays européens faire l’impasse sur la rigueur. Au contraire il est certain que l’Allemagne va continuer le bras de fer jusqu’à s’assurer avoir plus de droits de contrôle sur les budgets des autres pays de la zone euro en échange de son soutien aux banques et Etats en difficultés.

Cela va inexorablement amener la France à faire des restrictions fortes sur ses dépenses. Or il y a un risque dont peu de gens parlent et qui me semble clairement sous-évalué, à savoir l’éclatement de la bulle immobilière française.

En effet, comme les USA, l’Espagne et l’Angleterre, la France a connu elle aussi des fortes augmentation des prix de l’immobilier au cours de la dernière décennie, augmentations sans rapport avec les fondamentaux de notre économie. Mais à la différence de ces pays, nous n’avons pas connu de correction forte des prix, notamment à cause des soutiens artificiels de l’Etat à ce marché (lois Scellier, PTZ, etc.).
La réduction de ces dispositifs commence à enrayer le marché immobilier. En cas de suppression totale des aides à ce marché, que se passerait-il ? Probablement de fortes baisses… Nos banques ne seraient-elles pas alors dans le même cas que les banques espagnoles, contraintes à de fortes dépréciations d’actifs et ne serait-ce pas le plus gros risque systémique actuel ?

Ne devrait-on pas pour sortir de cette crise plutôt privilégier une politique inflationniste pour ramener les prix à un niveau acceptable par le biais de l’érosion monétaire ? Le problème est que l’Allemagne est complètement psychorigide sur ce point.
Merci de votre avis,

Et une réponse qui n’engage que moi :

Je crois plutôt à une baisse « légère » de l’immobilier en France, avec moins de volume de transactions, et un marché atone, mais pas à un effondrement.
La demande des ménages reste forte mais il est vrai que la baisse des revenus disponibles va amputer leur capacité à emprunter, mais pas de façon dramatique parce que les taux vont rester bas.

En revanche, comme la demande est forte, et les capacité de remboursement faibles, nous allons avoir une baisse de la qualité, ou une forte stantardisation, puisqu’il faudra offrir du « très bon marché » pour parvenir à vendre, faute de solvabilité suffisante des ménages.

Sinon, je ne crois pas à une baisse forte (plus de 10 à 15 %), car le financement de l’immobilier en France est toujours resté prudent, avalisé par les revenus des acquéreurs, et la demande de fond reste forte. Donc un problème grave à l’espagnole ou à l’américaine ne surviendrait que parce qu’une grande partie des acquéreurs n’ont plus les revenus suffisants pour faire face à leurs échéances, et les oblige à revendre.

Cela signifie, et je n’ose croire, que l’on entre dans une authentique dépression, vers un chômage massif, qu’au bout du compte les banques centrales et les Etats, Allemagne comprise, préféreront éviter.

Bien sûr la période est extrêmement difficile, nous sommes en présence d’une pression maximale allemande en faveur du fédéralisme, lequel me semble être en effet la seule voie de sortie. En un mot, on pourrait avoir beaucoup moins de rigueur immédiate et forcée, mais uniquement en échange d’une véritable avancée fédéraliste de l’Europe, c’est-à-dire d’un plan pour une relance plausible et cohérente, et beaucoup moins ficelée par chacun dans son coin.

Seuls des taux en fortes hausse pousseraient les prix immobiliers à la baisse, et je ne crois pas que ce soit le cas pour le moment, faute de croissance, et parce que l’épargne en France reste très abondante.

Ceci étant, sur longue période je partage en effet cet avis que la dette devrait s’atténuer par une inévitable monétisation de la dette, donc par l’émission de monnaie, et une érosion monétaire dosée, accompagnée d’une inflation supérieure aux taux…

Bien à vous
Olivier Anger



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